
Canicule et fortes chaleurs dans le BTP : le décret 2024 change la donne
Chaque été, la canicule s’impose comme un défi majeur pour les professionnels du BTP. Travailler sous des températures extrêmes peut compromettre la santé des salariés, désorganiser les chantiers et augmenter les risques d’accidents. Face à cette réalité, le décret n° 2024-630 du 28 juin 2024 marque un tournant historique : la canicule est désormais reconnue comme intempérie dans le secteur du BTP.
Il est important de se référer à Météo France concernant les niveaux d’alerte et d’adapter le travail en conséquence.
Une reconnaissance officielle des vagues de chaleur
Avant ce décret, seules les intempéries « classiques » comme la neige ou la pluie donnaient droit à une indemnisation des arrêts de chantier. Désormais, les périodes de fortes chaleurs peuvent également justifier une interruption d’activité, à condition qu’elles soient reconnues par Météo-France (vigilance orange ou rouge) entre le 1er juin et le 15 septembre.
Ce changement législatif répond à une réalité : en 2023, la France a enregistré plus de 50 jours de chaleur anormale. Le secteur du BTP est en première ligne.
Qu’est-ce que ça change concrètement pour les entreprises du BTP ?
Voici les impacts principaux du décret pour les employeurs :
Vous pouvez désormais déclarer un arrêt de chantier pour canicule au même titre qu’un épisode de gel ou de neige.
Le régime de chômage intempéries prend en charge une partie des salaires pendant ces interruptions.
Une provision de 50 % est versée rapidement après la déclaration, avec un ajustement pouvant aller jusqu’à 80 % en fin de période.
Mais ce dispositif est encadré. Pour en bénéficier, l’entreprise doit :
Être affiliée au régime chômage intempéries via la Caisse des Congés Payés BTP.
Avoir une masse salariale annuelle supérieure à un certain seuil (93 204 € en 2025).
Justifier d’une situation exceptionnelle : vigilance orange ou rouge de Météo-France ou arrêté préfectoral.
La prévention reste essentielle
Le décret apporte une réponse juridique, mais la prévention reste votre premier levier de sécurité. Les employeurs doivent anticiper les périodes de chaleur et organiser les chantiers en conséquence.
Cela passe par :
L’aménagement des horaires de travail (tôt le matin, interruption à midi).
La mise à disposition de 3 litres d’eau par jour et par salarié si le point d’eau est éloigné.
L’installation d’espaces ombragés et, si possible, de systèmes de brumisation ou ventilation.
La formation des équipes pour reconnaître les signes d’un coup de chaleur.
Le SIST BTP Seine-et-Marne accompagne les entreprises dans la mise à jour de leur DUERP (Document Unique), en intégrant ce nouveau risque climatique.
La déshydratation, qu'est-ce que c'est ?
Lorsque les pertes en eau du corps (transpiration, miction) sont plus importantes que les apports par les boissons et les aliments (fruits, légumes, lait…) le corps se déshydrate. En période de canicule et plus particulièrement lorsqu’on travaille en extérieur ce déficit d’eau survient rapidement. Pour prévenir la déshydratation, il est important de boire régulièrement avant même la sensation de soif (1,5 litres d’eau au minimum, et jusqu’à 2,5 litres par jour).
On peut détecter une déshydratation en constatant certains symptômes :
- Crampes aux membres supérieurs et inférieurs
- Grande faiblesse, épuisement, étourdissements
- Urines foncées
A ce stade, il n’y a pas encore de danger vital immédiat mais il convient de vite réagir en stoppant son activité, en se mettant à l’ombre, en s’hydratant et ce afin d’éviter la phase aiguë de la déshydratation appelée coup de chaleur.
Le coup de chaleur, qu'est-ce que c'est ?
Le coup de chaleur ou l’hyperthermie survient lorsque le corps n’arrive plus à réguler sa température. En d’autres termes, il y a une défaillance du mécanisme de régulation de la température du corps qui augmente alors rapidement provoquant un décès de la victime dans 15 à 25% des cas.
Les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies aiguës ou chroniques sont davantage à risque.
Bien que rare, le coup de chaleur est grave : il est mortel dans 15 à 25 % des cas
INRS
Comment reconnaître un coup de chaleur ?
Certains symptômes permettent de détecter le coup de chaleur :
- peau sèche et chaude
- pouls rapide et fort
- perte de connaissance soudaine et brève
- vertiges, nausées, vomissements, maux de tête
- agitation, confusion
- convulsions
température corporelle élevée ≥ 40°C

Peau sèche et chaude

Température corporelle élevée

Vomissements

Vertiges, maux de tête

Convulsions

Pouls rapide et fort
Comment réagir ?
Le coup de chaleur ne doit pas être pris à la légère : en cas de symptômes aiguës comme une fièvre supérieure ou égale à 40°C, des convulsions ou un trouble de conscience, appelez immédiatement les secours en composant le 112.
En parallèle, il convient de placer la victime à l’ombre, au calme et de la rafraichir :
